ARTICLE : CAMBODGE

Susséday !

Après deux semaines dans le sud du Vietnam, nous avons passé la frontière terrestre pour aller au Cambodge, le 8 mars. Nous avons pu passer par ce poste frontière car nous avions déjà un visa pour le Cambodge. Ce que nous ne savions par contre pas c’est qu’il faut payer en plus 3 dollars par personne pour de pseudos timbres fiscaux que nous ne verrons jamais puis un dollar pour une « visite médicale » durant laquelle un agent prend ta température avec une machine bizarre qu’il pointe vers ton front ! Les prix ne paraissent pas importants comme ça mais en fait, rapporté à la monnaie locale, cela fait de grosses sommes dont on ne peut que deviner où elles vont ! A part cela, le trajet est sans encombre et nous arrivons, Christian le père d’Hugo, Hugo et Marine à Kampot une petite ville du sud du Cambodge.

OLYMPUS DIGITAL CAMERALa ville est charmante même s’il n’y a pas grand-chose à faire. Nous louons des scooters pour nous balader dans la campagne environnante. Les paysages cambodgiens sont magnifiques ! Exactement comme on peut les imaginer, des champs de riz à perte de vue avec des palmiers, des maisons en bois, des vaches dans les champs, et sur les routes. Le premier jour de balade, nous décidons de nous rendre à Kep, ville balnéaire. Sur la route (difficile car on est étouffés et aveuglés par la poussière sur certains tronçons),  il y a un beau temple à voir ainsi que des grottes.  

 

En arrivant au temple, un jeune moine (21 ans) nous accueille tout sourire pour discuter avec nous et ainsi pratiquer son anglais. Nous sommes heureux de pouvoir lui poser nos questions et lui de même ! Nous passons près d’une heure à discuter,  durant laquelle nous apprenons qu’il est devenu moine à 16 ans et que cela apporte les honneurs à sa famille. Il vit avec huit autres moines aux abords du temple visité. En tant que moine il ne peut se marier mais peut quitter sa fonction à tout moment pour reprendre une vie « normale ». Le matin, les moines font la prière, vers 8h ils partent chercher la nourriture c’est-à-dire recevoir les offrandes des villageois autour du temple. Ensuite, la nourriture est rapportée à la pagode où elle est rassemblée et cuisinée (par des bénévoles villageois et non les moines, qui ne cuisinent jamais) pour que tous prennent leur repas. Ils étudient ensuite puis déjeunent vers 11h30 avant d’observer une sorte de jeûne de midi à 17h. Ils participent aux tâches ménagères du temple en fin d’après midi et se couchent environ vers 19h.

Sinon, la question que tout le monde se pose : NON les moines n’ont rien sous leur habit couleur safran !!!

 

Après cette rencontre très enrichissante, nous repartons vers les grottes. Nous prenons un guide local car les grottes sont perdues au milieu de la montagne et surtout, seul le guide peut nous faire visiter les profondeurs de la grotte tout en en sortant vivants ! La visite est un peu plus ardue que ce que nous avions prévu aussi nous avons eu un peu de mal avec nos chaussures pas adaptées mais comme la traversée n’était pas très longue ça a été ! Le guide nous amène ensuite au « secret lake », un joli lac artificiel qu’il faut vraiment connaitre pour trouver (d’où le nom secret lake 😉 ).

 

Nous continuons ensuite notre route jusqu’à Kep pour nous arrêter déjeuner dans le marché aux crabes. C’est un marché local situé en bord de mer qui est connu pour les crabes frais (ils sont conservés directement dans la mer dans des casiers en bambou) qu’on y déguste. On y trouve également une multitude de poissons grillés ainsi que des gambas et des crevettes. Sur le chemin du retour, le pneu du scooter de Christian crève ! Il se retrouve à pousser son scooter sur le bord de la route, coup de chance cependant, il crève à proximité d’un garagiste qui répare rapidement le pneu.

Le lendemain, nous décidons de visiter à scooter le parc national situé à l’ouest de Kampot. Il s’agit d’une jolie montagne qui s’élève de nulle part au milieu de la campagne. Si le lieu parait très impressionnant de la route, nous n’avons malheureusement pas eu de chance avec le temps car plus nous sommes montés plus il faisait gris et froid avec du brouillard donc nous n’avons pas pu profiter ni des paysages de la montagne, ni de la vue, ni de la statue du bouddha à son sommet ! En redescendant de l’autre côté de la montagne nous avons trouvé un casino perdu au milieu de nulle part, qui venait d’être construit. Ça détonait complètement dans le décor et on se demande vraiment ce qu’il vient faire là. Nous avons tout de même joué (et perdu) un dollar. Le chemin pour rentrer, qui contourne la montagne, étant fermé, nous avons dû regrimper tout en haut pour se les geler encore une fois (d’autant plus qu’il s’était mis à pleuvoir, on n’est plus habitués !) pour reprendre le chemin par lequel on était arrivés. Précisons que nous nous sommes faits arrêter à l’aller par un policier qui voulait nous mettre une amende car nous roulions de jour avec les feux des scooters allumés ! Nous avons joué nos débiles profonds pendant 10 minutes, avant qu’il n’accepte de nous laisser repartir sans rien payer ah ah.

Après avoir bien profité de Kampot et de ses environs, nous sommes remontés vers la capitale, Pnomh Penh (sur le chemin le bus est tombé en panne donc ça a été bien plus long que prévu). La ville est plutôt agréable même si elle est beaucoup moins mise en valeur que les autres grandes villes du sud est asiatique comme Ho Chi Minh ou Bangkok. Par exemple, les rues ne sont pas vraiment éclairées la nuit, de même que les quais bordant le Mékong. On sent de manière générale que la capitale est plus pauvre mais elle ne perd pas pour autant son attrait.

Palais royal

Ce qui est merveilleux dans ce voyage c’est qu’on ne se contente pas que de voir des paysages magnifiques, plus on avance plus on s’imprègne de l’histoire de chaque pays et plus l’enrichissement est important sur tous les plans. C’est tellement incroyable de découvrir tous ces gens et ces histoires qu’on ne connaîtrait pas sans être partis.

De même qu’au sud du Vietnam, le Cambodge a une forte dimension historique qui nous a beaucoup marqué tout au long de ces 15 jours.

 

Tout d’abord, ses anciens liens avec la France (le Cambodge faisait partie de l’Indochine française) se font sentir de part la présence de maisons coloniales, de la baguette, de la vache qui rit ou de nombreuses boulangeries.

 

 

 

Surtout, c’est la récente période khmère rouge (1975-1979) qui a laissé le plus de traces et qui marque le plus les esprits.  L’empreinte des khmères rouges se retrouve dans presque tout le pays qui a profondément souffert de ce régime d’une violence inouïe à l’encontre de sa propre population. La majorité des habitants du pays étaient condamnés aux travaux forcés dans les champs (même les citadins, qui ont été délogés de force des villes pour travailler dans les campagnes). Les « intellectuels » étaient massacrés (ce terme regroupait non seulement tous ceux qui avaient fait des études ou qui enseignaient mais aussi plus largement ceux qui portaient des lunettes ou qui possédaient un livre ou un stylo…). La montée des khmers rouges au pouvoir s’inscrit dans le contexte de guerre d’idéologie que constitue la guerre froide. L’idéologie khmère rouge était inspirée de la révolution chinoise et tendait à reconstituer la grandeur de l’empire khmer de jadis (environ 12éme siècle après JC) qui englobait le Laos ainsi qu’une partie de la Thaïlande et du Vietnam.

Tout au long de notre voyage dans ce pays nous avons découvert l’ampleur du massacre et des atrocités perpétrées par les khmers rouges. Beaucoup de lieux ont été saccagés par les membres du régime comme des temples ou les campagnes clairsemées de mines. A Phnom Penh nous pouvons visiter le centre S-21 (ancienne école primaire transformée en prison sous le régime de Pol Pot et désormais en musée). Les lieux du centre ont pour la plupart été laissés en l’état aussi la visite se déroule à travers les salles de torture, où le matériel utilisé est encore présent, à travers les cellules où les prisonniers étaient attachés à même le sol. Au nord du pays se trouvent les killing fields et les killing cave, lieux où la population était massacrée en masse.

C’est toute l’histoire récente de ce pays que nous avons découvert pour la première fois, choqués de nous rendre compte à quel point cette partie de l’histoire nous était largement méconnue.

Malgré ces horreurs, ce qui nous a le plus surpris c’est la volonté des cambodgiens d’aller de l’avant, de ne pas oublier, car le pays possède de nombreux lieux de mémoire, mais d’avancer désormais en paix. Lors de la visite de la prison par exemple, nous avons été vraiment frappés  de voir exposées des photos d’un des sept survivants du centre bras dessus bras dessous rigolant avec un de ses anciens bourreaux reconverti en agriculteur…

Après la visite du centre, nous avons traversé le marché central, construit par les français selon une architecture spéciale, très moderne aussi bien pour l’époque que maintenant ainsi que le marché russe qui nous ont bien plu. Par contre, la visite du palais royal nous a assez déçue car, malgré le prix payé, nous ne voyons pas grand-chose. Nous sommes ensuite entrés dans le musée national des beaux arts qui regroupe plein de belles œuvres, principalement des sculptures. Le guide nous donne des explications intéressantes sur les styles architecturaux (préangkorien, période transitoire, style angkorien) mais rien sur le contexte de ces périodes pour mieux les comprendre donc c’était un peu dommage.

 

Ce même soir, nous avons fait une rencontre qui a changé la tournure de notre voyage. Il s’agit de Fabrice, créateur de l’organisme  Tokae, destiné à faire découvrir le Cambodge autrement. Il a contribué à changer notre périple au Cambodge au sens propre comme un sens figuré.

Au sens propre tout d’abord car nous avons changé notre itinéraire pour suivre ses conseils. Avant d’aller aux temples d’Angkor nous nous sommes ainsi arrêtés à Battambang, ancienne cité coloniale et ville dans laquelle nous avons pu notamment découvrir un cirque perdu au milieu de la campagne mais qui nous a tout simplement éblouis (alors même que Marine n’aime en principe pas les cirques) ! Il s’agit de jeunes de la ville et de ses environs qui suivent des cours de cirque d’un très haut niveau, A l’issue de leur formation certains sont même recrutés par le cirque du soleil au Canada ! Le spectacle dure à peu près une heure ce qui est vraiment trop court, les jeunes sont extrêmement talentueux et surtout ils ont une pêche folle, ils nous transportent littéralement !

 

Grâce à ce crochet par Battambang, nous avons également pu faire un tour des métiers d’artisanat du Cambodge, toujours sur les conseils de Fabrice. Les artisans nous accueillaient dans leurs ateliers (chez eux en général) pour nous montrer comment ils fabriquent les noodles (pâtes asiatiques), la pâte pour faire les rouleaux de printemps, des bateaux, de l’alcool de riz, de l’encens, des sculptures sur bois, du tissage de la soie auquel Marine a pu s’initier. En fin d’après-midi, nous avons également assisté à l’envol de millions de chauve-souris qui sortent de leur abri dans la grotte pour aller chasser à la tombée de la nuit. C’était incroyable de voir pendant 20 minutes toutes ces bestioles sortir en masse de la grotte et faire des trainées dans le ciel tellement elles sont nombreuses (on s’est également pris du pipi de chauve-souris sur la tête, ça c’est moins drôle).
Un changement du voyage au sens figuré ensuite, car il nous a permis de donner une autre dimension à notre trajet en nous faisant assister à un cours de culture khmère, destiné à initier les étrangers à cette culture. Pendant trois heures, nous avons suivi, en khmer (et nous avons tout compris grâce au talent d’acteur des professeurs !) un cours retraçant la vie d’un jeune cambodgien, de sa naissance à son décès.  Nous avons par exemple appris comment fonctionne l’école et l’emploi du temps des élèves, la vie dans les temples, comment se passent les demandes en mariage ou encore comment se déroulent les funérailles. Un des épisodes marquant est celui de la demande en mariage. La famille du jeune homme doit rencontrer la famille de la jeune femme. Entre autres discussions pour connaitre le futur mari, la famille de la future épouse négocie le montant de la dot (en plus du paiement de la totalité du mariage qui est aussi assuré par la famille de l’époux). Après cette étape de la rencontre, les futurs mariés se rendent chez un voyant qui détermine, selon les lignes de leur main et les étoiles, la date à laquelle doivent avoir lieu les fiançailles et le mariage ! C’était très intéressant pour nous de découvrir tout ça et ainsi de posséder plus de clés pour comprendre ce pays.

Aussi, grâce à ces conseils de choses à voir ou à faire hors des sentiers battus, nous avons pu porter un regard différent sur le Cambodge, c’est d’ailleurs le pays qui nous a le plus touché depuis le début du voyage. En plus de découvrir de magnifiques paysages, ce pays nous a apporté de véritables expériences de vie. Nous pensons par exemple à cet homme qui, alors que nous nous baladions à scooter dans la campagne, nous a invités à la cérémonie de commémoration du décès de ses parents. Nous nous sommes inscrits dans le cercle de la famille et des amis de cet homme et pendant quelques heures, nous avons partagé leur lieu de vie, leur repas et la cérémonie de remise des cadeaux aux anciens encore en vie. Durant cette cérémonie, les anciens se mettent en cercle, et chaque jeune de l’assemblée leur offre un cadeau (acheté par l’hôte) avant de recevoir leur bénédiction. Il nous a également été proposé d’offrir un de ces cadeaux. C’est très émouvant  car il y a un cérémonial à respecter que nous avons copié tant bien que mal car nous ne comprenions pas ce qui se disait). C’était très beau, comme une sorte de passage à témoin. Tu remercies les anciens de t’avoir protégé jusqu’ici et eux te souhaitent une longue et belle vie. Quelle belle expérience !

Le lendemain de cette rencontre nous nous sommes rendus à Siem Reap, la ville à côté du parc national des temples d’Angkor. Les temples ont été préservés pendant la période khmère rouge car ils sont un témoignage du puissant royaume khmer antique que le régime de Pol Pot souhaitait reconstituer. Ce sont les seuls temples qui leur ont imposé le respect et qu’ils n’ont pas cherché à détruire.

Nous avons visité les temples pendant deux jours. Levés à 4h du matin pour partir à 5h afin d’assister au levé du soleil, sur Angkor Wat le premier jour et sur un bassin le second jour. C’était magique !! Il est nécessaire de se lever aussi tôt, non seulement pour le levé du soleil, mais également pour éviter le plus possible la chaleur et les gens qui deviennent écrasants à partir de 9h du matin. Aussi, les moments les plus agréables pour visiter sont de 6h30 à 8h30-9h puis vers 16h, le reste du temps c’est vraiment trop lourd. La première journée, nous avons visité les trois temples principaux, Angkor Wat, le Bayon et le Baphuon ainsi que la terrasse des éléphants et celle du roi lépreux. Le second jour nous nous sommes rendus sur de plus petits temples que nous avons eu pour nous tous seuls au début de la matinée c’était merveilleux ! Nous avons également visité le temple d’Angelina Jolie, le Ta Phrom où a été tourné Tomb Raider, un très beau temple mais malheureusement en restauration ce qui gâche un peu la magie. Globalement, ces deux jours étaient assez éprouvants physiquement mais vraiment incroyables, on a eu du mal à croire qu’on était vraiment aux temples d’Angkor. Le retour vers l’hôtel nous a permis de déchanter ahah car le tuk tuk est tombé en panne et Christian et Hugo ont du, avec le chauffeur, le pousser sur le bord de la route en plein cagnard jusqu’à un garage !

Après les temples d’Angkor, nous avons quitté le père d’Hugo (qui est parti à Hanoi) pour nous rendre à Kratie (à l’est du Cambodge), notre dernière escale dans ce pays. Là, nous nous sommes reposés pendant deux jours à siroter des cocktails sur la terrasse de notre hôtel et à discuter avec d’autres voyageurs de passage. Nous avons même mangé un délicieux sandwich à la glace (oui oui, c’est la chose la plus bizarre que nous ayons goutée depuis le début du voyage, il s’agit d’une baguette de pain viennois coupée en deux dans laquelle on met des boules de glace, c’est très bon mais surprenant !). Après ces deux jours, nous avons pris le bus pour passer la frontière terrestre avec le Laos, direction les 4000 îles !!!!

Lihay !

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5 réflexions au sujet de « ARTICLE : CAMBODGE »

  1. 8 avril 2013 à 23 h 42 min

    Super article. on fait le plein de nouvelles 🙂

    1. admin
      16 avril 2013 à 5 h 43 min

      Merci! Il nous a pris un peu plus de temps à écrire que les autres articles.

  2. gilles
    22 avril 2013 à 9 h 13 min

    bonjour et bravo continuez

    1. Marine & Hugo
      28 avril 2013 à 16 h 58 min

      Merci pour ton message!!
      Promis on continue de rêvez 😉
      Hier on a vu les soldats de terre cuite. Je crois que tu les avais vu aussi.
      La visite est impressionnante mais un peu moins que ce à quoi on s’attendait.
      Bisous à tous les trois!

  3. tordjman
    8 janvier 2014 à 12 h 46 min

    super blog
    Simon

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